Entretien

The Drawer #5

octobre 2013

Les choses que vous dessinez ont-elles quelque chose en commun ?

Ce sont des constructions entre réalité et fiction qui empruntent autant au dé- cor de cinéma qu’à des architectures sans qualité ou à des utopies qui auraient pris place dans le réel. Elles tentent de mettre en place des assemblages qui évoquent le monde des images.

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Le réel est-il un bon sujet de dessin ? Le réel s’introduit dans mes choses dessinées autant que la fiction. À ce titre le dessin est un filtre qui nous éloigne du réel pour mieux le reconvoquer, une mise à distance, une nouvelle dimension. Je choisis de ne pas opposer les deux afin de définir un niveau de réalité qui puiserait autant dans la fiction des images que dans la réalité du monde qu’elles convoquent.

Le plus simple à dessiner : les objets, les idées ?

Je ne peux pas hiérarchiser. Les choses adviennent naturellement, par nécessité, par la volonté ou par la pensée, mais jamais simplement.

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Qu’objectivent vos dessins ?

Des éléments d’un environnement à la fois en construction et en dislocation. Mon travail s’échafaude ainsi. Mes choses apparaissent sans jamais m’appartenir totalement. Elles reprennent leur autonomie une fois sur le papier. Elles
proposent de nouvelles possibilités narratives, une constellation de lectures possibles d’un univers en chantier.

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Qu’accumulent-ils ?

Des espaces que l’on peut pénétrer en partie, qui permettent d’être simultanément dedans et dehors.
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La chose dessinée jusqu’à son épuisement ?

Le décor sous toutes ses formes et particulièrement quand il évoque le paysage. J’aime les choses fac- tices mais vraisemblables dans lesquelles on peut se projeter. Je les connecte à la culture populaire et à l’histoire des arts. C’est l’idée d’un cycle qui se réactive plus qu’il ne s’épuise.

The Drawer, volume 5, « Les Choses », Paris, Ed. The Drawer/Les Presses du réel, octobre 2013.